Aller au contenu

Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien loin du De viris ou du Conciones ; les Racines grecques même manquaient de charme. Soudain le canon retentissait, les cloches se mettaient à sonner et, lorsque nous sortions du lycée, nous apercevions des drapeaux à toutes les fenêtres. Alors nous courions à la préfecture où la foule se bousculait pour lire les dépêches. C’était encore une victoire ! et les cris de : « Vive l’Empereur ! » se confondaient avec ceux de : « Vive la France ! vive l’Italie ! vive l’armée ! »

Pour nous lycéens, nous avions, à chaque bataille, gagné un ou deux jours de congé. Les Te Deum succédaient aux Te Deum et les illuminations aux feux d’artifice.

Je sais qu’on est toujours tenté de trouver mieux ce qui se faisait autrefois, mais véritablement il y avait plus d’enthousiasme dans les manifestations populaires sous l’Empire qu’aux fêtes actuelles. Ceci s’explique facilement parce que l’opposition n’existait pas plus à la Chambre que dans le pays. On peut le dire hautement, jamais gouvernement ne fut moins discuté que le second Empire, on l’acclamait sincèrement le jour du 15 août, et la cantate, dont je me rappelle le refrain et que nous apprenions à chanter au lycée à cette occasion, était bien alors l’expression du sentiment public.