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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/29

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par le grand-duché de Bade et la Bavière. Plusieurs convois de ces malheureux passèrent à la gare de Colmar et parmi eux de nombreux blessés.

Toute la société de la ville s’était portée sur leur passage et munie de tabac, d’argent et de friandises avait envahi le quai du chemin de fer. La corporation des vignerons avait apporté des hottes de vin blanc. Chaque convoi de prisonniers était de mille à quinze cents hommes. La plupart de ces Autrichiens étaient très jeunes et beaucoup portaient, avec une certaine élégance, la tunique blanche, la culotte collante bleu de ciel, et la petite bottine hongroise. J’adressai la parole en allemand à plusieurs d’entre eux. Ils paraissaient enchantés de la façon dont ils avaient été traités en France, et surtout de la fin des hostilités qui leur permettait de retourner dans leur pays. Je ne me doutais pas alors que douze ans plus tard je passerais par les mêmes émotions ; c’est-à-dire bonheur de fouler de nouveau le sol de la patrie, après avoir ressenti en Allemagne toute l’amertume de la captivité.

Un de nos cousins, alors capitaine au 7e chasseurs à pied en garnison à Strasbourg, me racontait qu’il fut désigné avec sa compagnie pour conduire à Kehl le dernier convoi de prisonniers,