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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/35

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de comprendre assez vite les mouvements des troupes et les résultats obtenus. Comme nous nous éloignions du champ de bataille, le soleil se couchait et une teinte rouge éclairait tristement le lac de Garde et la plaine où tant de braves dorment leur dernier sommeil.

A onze heures du soir nous arrivons à Venise et nous montons en gondole pour nous rendre à notre hôtel.

Je conseillerai toujours aux touristes avides d’impressions de choisir la nuit pour faire leur entrée dans cette ville vraiment extraordinaire.

Je ne décrirai ni Saint-Marc, ni le palais des Doges, ni le pont des Soupirs, ni le Grand Canal et ses gondoliers. Ces récits ont été faits très souvent et par des plumes plus autorisées. Je dirai simplement que Venise est une ville unique et qu’on n’oublie jamais. A l’époque où nous la visitions, on sentait combien la présence des Autrichiens pesait, au moins à une partie de la population. Notre guide, vieux bonhomme de 75 ans et Français d’origine, nous assurait que si les Vénitiens avaient des armes, les Autrichiens ne resteraient pas vingt-quatre heures chez eux. Cependant, ce qui prouvait que la haine de l’étranger était peut-être moins générale, c’est un de nos gondoliers regardant avec mépris l’effigie du