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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/36

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roi d’Italie sur la pièce de monnaie que je lui remettais, en disant : « Ah ! c’est ce cochon d’Emmanuel ! » Il devenait difficile de se former une opinion.

De Venise nous nous rendions à Padoue et à Vérone. La garnison de cette dernière ville, place forte de premier ordre, était très nombreuse. On marchait littéralement dans les rues sur les soldats de François-Joseph. La tenue de l’armée autrichienne est admirable. La tunique blanche et le pantalon bleu de ciel produisent en masse le plus bel effet [1].

Dans notre hôtel logeait le général inspecteur Benedeck, qui devait en 1866 perdre contre les Prussiens la bataille de Sadowa.

Au moment de monter en voiture, un sommellier me fit présent d’un boulet français de quatre qu’il avait ramassé sur le champ de bataille de Solférino. C’était bien un peu lourd, mais je l’acceptai avec plaisir.

Nous ne fîmes que toucher barre à Milan et le chemin de fer nous entraîna vers Gênes. Ce ne fut pas sans émotion que j’entendis appeler la station de Magenta où le train s’arrêtait quelques

  1. Après Sadowa les Autrichiens ont abandonné la tunique blanche ; c’est plus pratique, mais ils ont perdu leur cachet national.