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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/41

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seras pas. » Nous arrivâmes à Paris dans les premiers jours d’avril 1863. Mon père me conduisit au débotté chez son vieil ami le colonel Vieyra, qui habitait rue Saint-Georges. M. Vieyra, qui a joué un rôle important au coup d’État de 1851, était un homme d’une soixantaine d’années.

J’étais le fils de son meilleur ami, il m’accueillit à bras ouverts. Le colonel restera dans mon souvenir comme le type du vrai Français, c’est-à dire un homme spirituel, gai, plein d’entrain, dévoué à ses amis et brave jusqu’à la témérité.

Il aimait à raconter les événements auxquels il avait été mêlé et pendant ces récits j’étais tout oreilles.

« Vois-tu, me disait-il, j’ai toujours eu horreur des émeutes et des émeutiers ; ainsi en 1830 j’avais vingt-six ans, et, dès que les ordonnances de Juillet ont été connues, je me suis fait incorporer, grâce à de hautes protections, dans un régiment d’infanterie de la Garde royale, et pendant les trois journées j’ai combattu pour Charles X. »

Il fit partie de la garde nationale sous Louis-Philippe en qualité de capitaine, et combattit les nombreuses émeutes qui marquèrent le règne du roi. A chaque prise d’armes, M. Vieyra se signala