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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/43

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de me faire appeler à l’Élysée pour me dire que, malgré ma défense, on battait le rappel dans la 3e légion et que les conséquences de cette infraction pouvaient devenir graves.

« — Le Prince se trompe, ou tout au moins est mal informé, lui répondis-je, car j’ai fait réunir hier dans la cour de la mairie de mon arrondissement toutes les caisses et je les ai fait crever devant moi. »

Le même jour il se rendait au manège de la rue Duphot où s’étaient réunis, pour protester contre le coup d’État, deux à trois cents officiers de la garde nationale.

« Je n’avais avec moi, me disait-il, que deux officiers de mon état-major et quatre gendarmes.

« — Je vous donne cinq minutes pour vous disperser, dis-je aux manifestants, sinon je vous fais tous arrêter.

« Eh bien ! le croiriez-vous, ajoutait-il, ils sont partis sans murmurer. »

Le Prince-président, devenu Empereur, voulut récompenser les services du colonel Vieyra et il eut à cette occasion un mot charmant.

— Mon cher colonel, lui dit Napoléon III, je sais qu’on vous avait promis une cravate de chanvre, je vous en donne une de soie. Et il lui remit la croix de commandeur de la Légion