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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/46

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sine, voyant qu’on m’avait oublié, m’offrit le sien si naturellement et avec tant de bonne grâce que mon trouble en redoubla. Il faut se rappeler que j’avais à peine dix-sept ans et que je faisais mes débuts dans le monde. Je dus bien amuser cette aimable jeune femme.

Je conservai longtemps son bouquet. Il a fini par disparaître. Tout passe, disparaît, ici-bas, la jeunesse, la beauté, les fleurs, les hommes et… les gouvernements ; une seule chose reste, c’est le souvenir. Après vingt-neuf ans j’aime à me rappeler cette délicieuse soirée de ma jeunesse, aussi présente à ma mémoire que si elle datait d’hier.

J’entrai le lendemain à Sainte-Barbe. Les ténèbres après la lumière ! Le noir Tartare après les Champs Élysées ! La maison était bien faite pour jeter dans l’âme les plus sombres pensées.

En quittant la belle place du Panthéon, on tombait dans l’étroite rue de Reims, où était située l’école préparatoire, juste derrière la bibliothèque Sainte-Geneviève.

L’horrible rue Chartière et les murs élevés et noirs du lycée Louis-le-Grand qui bordaient le côté gauche de l’école, achevaient de donner à ce bâtiment l’aspect d’une prison.

Une fois installé dans la salle d’étude aux