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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/54

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rencontre à la préfecture du Haut-Rhin avec le colonel Yvelin de Béville du 2e cuirassiers, frère du général aide de camp de l’empereur, le décida complètement.

« Je viens d’être appelé au commandement des lanciers de la Garde, lui dit le colonel, si vous voulez me confier votre fils, je l’emmène ; ce sera mon premier-né dans ce régiment ! » On ne pouvait être plus aimable et plus engageant ; mon père n’hésita plus. Quant à moi, j’étais au comble de mes vœux. Ne plus retourner en pension, et revêtir enfin un joli uniforme ! On ne se doute pas de l’influence d’un beau costume, et combien il attire de jeunes papillons dont plusieurs, hélas ! se brûlent souvent les ailes. J’étais transporté et j’affirmais à mon père que je serais officier presque aussi vite qu’en passant par Saint-Cyr. « Je te le souhaite, » me répondait-il, assez tristement. Les circonstances, plus que mon mérite, devaient cependant me donner raison.

Il fallait un certain temps pour obtenir, du maréchal commandant la Garde, l’autorisation d’entrer directement dans ce corps d’élite, et la protection du commandant de Mauret, ancien officier d’ordonnance du maréchal pendant la campagne d’Italie en 1859, ne me fut pas inutile.