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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/58

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domestiques nombreux, pris parmi les hommes du régiment, portaient la livrée bleu de ciel à boutons d’or et, les jours de gala ou de réceptions, la culotte courte, les bas blancs et les souliers à boucles. A l’heure des repas un domestique ouvrait à deux battants la porte conduisant à la salle à manger et le maître d’hôtel très correct, en habit noir, s’avançant sur le seuil, annonçait à haute voix : «  Le colonel et ces messieurs sont servis. »

Lorsque, après la guerre de 1870, j’ai été obligé, étant sous-lieutenant, de manger en province dans des gargotes où nous étions servis par des maritornes ou des garçons à moustaches, j’ai malgré moi pensé plus d’une fois à l’ancien mess des officiers de la Garde.

Avant le déjeuner, le médecin-major m’avait emmené dans une petite pièce servant d’office et il m’avait fait passer la visite prescrite pour tout conscrit arrivant au corps. Le colonel lui ayant demandé ce qu’il pensait de la nouvelle recrue, le major nous fit rire en répondant : « Le coffre n’est pas gros, mais il est bon. »

Le 6 octobre j’allais rejoindre le régiment à Meaux pour être définitivement incorporé.

A huit heures, au moment où l’appel du soir sonnait, je me séparais de mon bon père que