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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/6

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chute du roi. Il songea, en présence de l’agitation qui régnait à Rouen, à nous envoyer, ma mère et moi, auprès de mes grands parents à Dieppe. Nous partîmes donc en voiture.

Les troupes du général de Castellane, qui commandait à Rouen, couronnaient les hauteurs qui bordent la route, tant pour protéger, disait-on, les princesses d’Orléans fuyant la capitale que pour arrêter les bandes d’émeutiers arrivant de Maromme et de Malaunay pour incendier le pont du chemin de fer et piller la ville.

Mon père vint peu de jours après nous rejoindre à Dieppe et, dès son arrivée, se fit inscrire sur les contrôles de la garde nationale.

Le gouvernement provisoire qui trônait à Paris ne tarda pas à voir qu’il ne suffisait pas, pour être heureux, de faire une révolution et de renverser un prétendu tyran, mais qu’il fallait compter avec les revendications des socialistes et avec les partisans de ce qu’on appelait alors la république rouge.

Trois mois après le départ de Louis-Philippe, la terrible insurrection de Juin éclatait à Paris.

Mon père, qui a toujours été un homme d’ordre, fut d’avis, dès qu’on apprit les événements de Paris, qu’il n’y avait pas un instant à perdre pour aller porter secours à la capitale et aider à