Aller au contenu

Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la répression d’une émeute qui menaçait l’ordre social. Il fit de son autorité privée battre le rappel, parvint à décider une partie de la garde nationale, et partit à sa tête pour aller combattre l’insurrection.

Je me rappelle le retour à Dieppe de ce détachement après les journées de Juin. On jetait des fleurs aux défenseurs de l’ordre, et chaque garde avait un bouquet planté dans le canon de son fusil. Ils se rendirent sur la plage, où une estrade ornée de drapeaux avait reçu la municipalité qui s’était montrée assez hostile au départ de ces braves gens.

Fidèle image des fluctuations politiques ! Le maire, socialiste ardent huit jours avant, leur fit un beau discours dans lequel il prodiguait les plus chaleureux éloges à des citoyens qui avaient su quitter leurs foyers et tout ce qu’ils avaient de plus cher pour aller terrasser l’hydre de l’anarchie, etc.

Il remit ensuite à chaque garde une médaille commémorative où était gravé le nom du garde et sur le revers : À ses concitoyens partis à Paris défendre l’ordre et les lois, la ville de Dieppe reconnaissante, juin 1848.

Quelque temps avant le coup d’État de 1851, le gouvernement du prince-président sentit le