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Page:Baillehache - Souvenirs intimes d'un lancier de la Garde impériale, 1894.djvu/96

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entrer au château parle guichet dit de l’Empereur [1].

Lorsque les sapeurs au grand tablier blanc, sur lequel se détachait souvent la croix d’honneur accompagnée de plusieurs médailles commémoratives, arrivaient à une quarantaine de pas des factionnaires du guichet, ceux-ci croisaient la baïonnette et un retentissant : « Halte-là ! qui vive ? » arrêtait la colonne.

Les tambours et la musique s’interrompaient. Ce qui se passait alors ne manquait pas d’une certaine grandeur. Vieille tradition inutile, dira-t-on. Ce n’est pas notre avis, nous préférons un peuple qui les respecte à celui qui rit de tout.

Un caporal et deux hommes sortaient du poste, se portaient en avant des factionnaires et apprêtaient les armes. Le caporal répétait : « Qui vive ? » et lorsqu’il lui avait été répondu : « France ! » il demandait : « Quel régiment ? » Le caporal-sapeur disait alors : « Garde impériale, 1er régiment de grenadiers », ou de voltigeurs, ou zouaves suivant le cas, et le passage était livré à la colonne parla vieille formule : « Quand il vous plaira. »

  1. Ce guichet, après la guerre de 1870, a porté comme inscription au-dessus des deux lions : « Porte sud des Tuileries » ; elle est remplacée aujourd’hui par celle de « Préfecture de la Seine », l’Hôtel de Ville se refusant toujours à loger le premier administrateur du département.