Page:Baillet - De quelques ouvriers-poètes, 1898.djvu/102

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Que n’ai-je, hélas ! sans honte et sans courage,
D’un grand seigneur augmenté le bétail !
Oui, j’aurais pu me soustraire au naufrage
En préférant la livrée au travail.
D’un plat valet le langage servile
Peut obtenir des secours du blason.
Il sait ramper… Je ne sus qu’être utile :
Accordez-moi le pain de la prison.

Mais, dites-vous, votre faible nature
Aux temps heureux n’a pas prévu la faim ?
— Est-ce en trouvant à peine sa pâture
Que la fourmi se crée un lendemain ?
Vous le savez, l’abeille en sa sagesse
N’admit jamais l’oisif à sa moisson.
Moi j’ai donné mon suc à la mollesse :
Accordez-moi le pain de la prison.


Les chansons de Voitelain n’ont pas été recueillies en volume et ne le seront probablement jamais ; le style a vieilli, les institutions se sont modifiées mais ce sont de précieux documents pour l’histoire morale et physique de la classe ouvrière.

Voitelnin avait un fils, qui publié en 1881 une brochure où sont, réunies une quinzaine des chansons de son père, il promettait le recueil complet, mais ce fils est mort et la publication avec lui.

Les brochures républicaines publiées chez Rouanet, sous Louis-Philippe, renferment beaucoup de vers de Voitelain. Les Républicaines de 1848, recueil édité par Durand, contient une vingtaine de ses chansons, il a écrit un certain nombre de pièces de vers