Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/164

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Il trouva d’ailleurs mieux. Il existe dans les écoles de pauvres écoliers qui ne comprennent pas grand’chose à leur latin d’école. Henry n’avait pas complètement oublié le sien. Il eut un écolier. À un franc, tous les deux jours, cela faisait trois francs par semaine. Le dimanche on allongeait d’un peu de grec. Alors c’en faisait quatre.

Un peu plus tard, il découvrit une demoiselle. Marie était jalouse :

— Sois tranquille, elle n’apprend que les choses qu’elle ne connaît pas.

Pendant deux heures, dans une grammaire, il lui lisait des phrases. Après chaque phrase, elle avait compris, elle disait : « Oui. » La leçon suivante, il relisait les mêmes phrases. Elle disait : « Oui. » Encore deux francs. Plus quatre, il rapportait six francs par semaine.

Il était fier, Marie contente : il gagnait sa vie. Tout de même, un quinze, un seize, ils retournaient à la Caisse d’Épargne.


III



Ce sont pourtant des drames. On plaisante, on rit : « Hum ». « Hum » c’est du rire que la tristesse vous étrangle au fond de la gorge. Il avait Marie, oui ; il avait, à s’y dorloter, toutes les bonnes choses de Marie, oui ; mais il lisait des annonces. « On demande… », puis on vous prend. Vous ne savez pas ce qu’il y a d’angoissant à lire chaque jour des annonces. Il pensait aux cages à mouches où les hommes