Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/172

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une Marie en robe flambante, un grand dîner où l’on boit du Champagne. Il avait dit : « Nous avons des pieds pour marcher ; tu mettras, si tu veux, ta robe des dimanches ; cela suffit. Quant au mariage, il ne se fera pas en ville, mais à Forest. »

Père et Mère arrivèrent dès la veille. On les logea. Henry se trouvait de nouveau très malade. Marie vit tout de suite que cette arrivée l’énervait. Il s’emporta : « Promène-les, si tu veux, moi je reste… » Elle fût gênée, car Mère aurait pu l’entendre.

Le soir, au lit, elle l’enveloppa dans ses bras. Dans la journée, parce qu’il l’avait voulu, elle s’était confessée. Elle avoua :

— Je n’ai rien trouvé à raconter à ce prêtre ; mais à toi, je t’ai tout dit. Sois tranquille.

Il demanda :

— Tu as prié ?

— Je n’avais pas de livre de prières. J’ai pensé : Bon Dieu, si vraiment vous êtes présent dans cette église, demain je serai sa femme, faites qu’il guérisse.

Alors il pleura.

Elle se leva la première. Elle avait préparé pour lui une chemise neuve, un beau col, son meilleur costume. Elle l’aidait. Au dernier moment, il prétendit garder son linge et, comme culotte, en voulut une sale de tous les jours.

— Du moins, tu en mettras une noire, c’est plus convenable.

— Non, la grise.

Quand il eut la grise, il préféra tout de même la noire ; il changea également de linge.

On partit. Il pleuvait. La route serait longue,