Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/205

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taient pas les jupes comme en ville. Elles les portaient courtes, jusqu’à mi-jambes. On montrait les mollets. On mettait aussi trois gros plis sur le derrière. Alors, Marie eut besoin d’une jupe. Henry dit :

— Arrange-toi avec le tapis.

Et rouge grenat, avec ses trois plis, jamais les gens n’avaient vu d’aussi belles jupes.

Lorsqu’on est une Marie, — Vladimir, d’Artagnan ou François,  — qu’un homme le veuille, on est d’étoffe souple. Et non seulement la jupe : elle eut le mollet pour le bas de cette jupe, aussi les sabots pour les pieds de ses mollets, encore le derrière pour les trois plis sur ce derrière. Henry disait :

— Je t’assure, maman, je t’aime beaucoup mieux comme cela.

Il le prouvait. Elles donnent le bonheur, ces preuves.

Elle pensait à Mère, Mère qui aurait été surprise, et François, le pauvre homme, s’il avait pu la voir… et les autres. Elle croyait les entendre :

— Ça, c’est curieux, toutes ces poules blanches !

— Oui, et ce qu’il en court, des poussins !

— Et là, voyez donc cette paysanne, quelle gaillarde !

— Mais c’est…

— Impossible, voyons…

— Si… je vous assure.

Mais oui, Messieurs tout ce que vous dites, je l’ai été. Pourtant les choses sont bien plus simples. Tout bonnement, je suis la paysanne de mon Henry, le paysan.