Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/248

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Sois sage… Oui, je sais, ta Hollandaise… Mais demain, tu voudras une Anglaise. N’est-ce pas, tu y penses déjà ? Après, tu voudras des petites filles, puis les petits garçons. Allons, allons, ne fourre pas ta langue dans ce trou. Regarde ta femme. Réponds-lui, voyons. Veux-tu qu’à ce store elle mette de la dentelle rouge, ou la préfères-tu bleue ? Important cela ! Non ? Alors, une fois pour toutes, fais-lui pour de vrai un vrai gosse ; à ton âge cela marcherait encore. Non ? Alors imite ce vieux que tu as vu, un jour, si heureux parce que sa Marie lui ramassait, dans le tram, un ticket. Collectionne des tickets : ta Marie t’aidera. Ou bien, mets ton argent à la Caisse d’Épargne, rêve pour quand tu seras propriétaire. Non ?… D’ailleurs, pense bien à ceci. Tu gagnes ta vie : un honnête homme ; tu es aux deux tiers un honnête homme : deviens-le aux trois tiers. Tu peux en compter des milliers comme cela. Tu sais, pour eux, il existe un mot : lis ton ami le poète. Tu ne t’en doutes pas, mais, derrière ton crâne, tu as une auréole ; dans ton poing tu portes une torche, ou peut-être un flambeau, cela dépend de la rime, en tout cas quelque chose à lumière. Tu fais, Monsieur le raté, ton Devoar !

Ouais !… Ouais !… Un jour, ses gants clairs, sous le bras un paquet, Henry monta, sans bien savoir, vers un certain troisième étage…