Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/278

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femme… je vous le ferai voir » et, en dessous, son nom, pour que tout le monde lût, qu’elle, et pas une autre, était l’épouse Boulant. Elle écrivit à Henry que tout était fini, que plus jamais, plus jamais, elle ne s’occuperait de lui. Et ce ne fut pas tout. Ah non ! Le chagrin la ferait mourir, mais elle ne mourrait pas seule. Elle acheta un revolver. Elle dit au marchand : « Mais certainement, vous devez mettre des cartouches. » Et gare ! elle eut au fond de sa poche, dans un étui, un revolver tout près pour quand elle rencontrerait Germaine Lévine.

Ce jour-là, elle ne la rencontra pas. Le lendemain non plus. Quelque chose qui n’allait pas dans son cœur. Elle dut se mettre au lit. Elle oublia qu’Henry ne pouvait plus venir. Elle lui fit tenir un mot. Et quand il fut là, malgré toutes ses misères, elle dut rire. Il tira de l’étui le revolver, il ouvrit des yeux effrayés, il dit :

— Fichtre ! maman, six cartouches. On dirait six Marie en colère.

C’est vrai, méchant gosse ; elles n’avaient pas de balles, ces cartouches !


XVI



Il y aurait un chapitre : il serait court, parce qu’il serait le dernier. On y parlerait d’une Marie. À la première page, on lirait « Marie coud des chemises… » Marie, ce serait toi.

Je ne dis pas que cela serait arrivé tout de suite. Comme les chemises, une à une, les jours