où l’on a laissé l’aiguille ; et ces idées que l’on retrouve au fond de soi, ces projets, ces « Quand Yvonne sera grande » où le rêve reste piqué, également comme l’aiguille. Et les larmes qui ne voulaient pas, elles viennent enfin. On en verse tant qu’on peut ; on crie, on laisse aller sa tête sur la table, à grands coups, et tant mieux, si elle saute !…
Elle servit le dîner de Monsieur. Monsieur était bon : elle avait les yeux rouges. Monsieur lui dit :
— Vous avez pleuré, Marie ?
Elle descendit à sa cuisine. Elle revint avec la viande. Monsieur lui dit :
— Il faut prendre du courage, ma fille.
— Oui, Monsieur.
Elle monta une bouteille :
— Marie, dit Monsieur, buvez ce verre de vin.
— Je veux bien, Monsieur.
Elle vida ce verre d’un trait, comme un remède.
— Encore celui-ci, ma fille.
— Oui, Monsieur.
Elle redescendit à sa cuisine ; elle revint avec le dessert.
— Votre verre vous attend.
— Oui, Monsieur.
Le troisième. Après, elle fut moins pressée de partir.
Il lui remplit une assiette, il lui montra une chaise.
— Asseyez-vous, Marie, mangez cela.
Des gâteaux : elle avait faim, elle s’assit :