Page:Baillon - Histoire d'une Marie, 2è édition, 1921.djvu/78

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mains, tous les regards vous déshabillent, devinent pourquoi vous êtes là, le découvrent dans vos yeux, dans votre démarche, dans votre jupe surtout, cette jupe faite pour tomber et dont la soie hurle la marchandise qu’elle renferme.

Oh ! pouvoir s’effacer. Être cette dame qui passe, un Vladimir à son bras, ou bien cette ouvrière, avec son repas d’ouvrière, qui trimballe dans un papier au bout d’une ficelle.

Bonne chance ! Et l’on tremble.

— Bonsoir, Palmyre.

Palmyre, il est vrai, vous encourage parce qu’elle est bonne.

— Jésus-God, il faut que chacun vive.

Mais les autres, des bêtes mauvaises, jalouses de vos plumes qui sont neuves, jalouses du morceau que vous allez tantôt leur prendre.

Et puis, voilà le policier qui se plante juste au bord de votre trottoir. La pipe de la reine ! On ne remarque pas un policier, quand on fait une simple course. Ce soir, il se multiplie ; ses yeux vous chassent vers un autre, un autre encore, là, sous cette lanterne, un autre contre cette façade, tous sournois, embusqués, avec des poignes à vous casser l’épaule.

— Bonne chance ! voici des hommes.

Mets du feu dans tes yeux, Marie, du sourire à tes lèvres. Pour qu’ils te prennent, il faut qu’ils te sachent ardente et gaie. Aguiche leur luxure au long de ta cheville. Joue de la croupe, qu’ils la souhaitent nue ; avoue tes seins, que leurs doigts les désirent ; révèle ta hanche, qu’ils en bavent.

Qui sera-ce ? Dieu ! pas celui-ci qui a sur lui vous ne savez quoi qui vous épouvante ; ni