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ACTE I



Décors. — Un ménage. Il faut qu’on le sente : Monsieur et Madame ont commencé par l’amour. Car que deviendraient, je vous le demande, les boutiques où l’on vend les petits enfants, si on ne commençait par l’amour ? Maintenant, c’est l’affection, la tendresse, la sympathie. On connaît cela ! Alors voici : sur la cheminée, sur un coin de table, sur une console, n’importe où, il serait bon que l’on découvre un symbole peu coûteux de ce pur sentiment. Par exemple : un bouquet de roses après dix ans.

Personnages. — 1° L’enfant. Premier et unique achat de cet amour. Dix mois de moins que le bouquet. Il n’est pas nécessaire que ce soit un garçon. Si c’est une fillette, nous l’appellerons Suzanne. Des yeux qui regardent, un nez qui flaire, des bouts d’idées qui poussent, n’en mettez pas davantage. Où serait, sinon, la vraisemblance, s’il arrivait à la mère de dire : « De toutes les enfants, Suzanne est la plus belle, la plus intelligente, la plus… » Suzanne sait déjà certaines choses. Elle pense : « Quand papa gronde, maman me défend. » Ce sont des idées à deux fins, Elles unissent, elles séparent.