Page:Baillon - La Vie est quotidienne, 1929.djvu/144

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moins le modèle. C’est rouge par tranches, puis jaune, puis brun. Cela prend quelquefois la forme d’une poule ou bien d’un soldat, ou bien d’une grosse tour avec des côtes, Et puis cela se mange ! Avec une petite cuiller, n’est-ce pas Madame ? C’est exquis. On a envie de souffler dessus, tant c’est froid. Cela fond dans la bouche comme une fraîcheur. Quand on mange le blanc, on avale un parfum de vanille ; le brun est au moka. Mais le rouge, Madame ! Pour peu qu’on ait la chance de tomber sur le rouge, on se croirait au fond d’un bois, à croquer la framboise sur les lèvres d’une maîtresse !

Et ce n’est pas tout ! Pour que ce soit meilleur, il arrive qu’on saupoudre la bombe avec de petits machins verts, hachés menu. Oh ! non ! pas du persil ! De l’angélique, ou, comme vous dites, de la pistache, Madame ! Et puis, tout en haut, comme un ouvrier couronne son œuvre, on place une boule rouge, petite en vérité, mais qui semble énorme quand on pense qu’elle est gonflée de sang.

Comment ? Ce n’est pas du sang ? C’est une cerise ? Et confite, encore ! Oh ! je veux bien. Et vraiment, quand on a déjà sur la langue ce goût de vanille, de framboise, de pistache,