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arbres en bois tourné. Alors, quand il le fallait, il mettait un peu d’eau sur ces beaux gazons rouges et, pour certaines besognes, se recueillait sous ces bocages en bois tourné :

— Oh ! sale Poulet !

— Eh bien quoi ? s’étonnait Poulet.

On avait beau lui pousser une caisse avec des cendres :

— Voilà le jardin des chats qui n’en ont pas…

— Le mien est plus large, répondait Poulet.

Et bientôt, il s’arrangeait un autre petit trou, se mettait juste au-dessus et levant bien haut, comme un prophète, sa main gauche, annonçait :

— Attention ! Je commence !

Tel était Poulet.

Dans la maison, il y avait aussi une petite fille qui s’appelait Eve et sa chatte qui s’appelait Râw. Eve avait dix ans, Râw trois, mais Râw était de loin la plus vieille. C’était déjà une brave bonne femme de chatte, grave et lente, aux yeux sérieux, qui marchait sur ses pattes comme avec des béquilles. C’est elle qui n’avait pas trouvé assez d’étoffe pour tailler un costume plus large à son Poulet.

Eve aimait beaucoup sa Râw. Elle disait :

— Râw est mon chat ; Poulet le chat de papa.