Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/129

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et autrement que je ne l’eusse voulu : ce n’était que cela. Les fois suivantes, ce ne fut que cela.

Peut-être bien que oui, je me montais le coup. En ce temps, je ratai chez mon receveur beaucoup d’additions. Ma déception m’enrageait. Une malédiction, me semblait-il, pesait sur moi, me refusait ce qui est donné aux autres. Extase, idéal, ces mots, on les trouvait dans les livres. Quand je voyais des amoureux, n’avaient-ils pas dans les yeux cette extase ? Moi-même autrefois… Donc elle existait… J’allais moins chez Charles. Je me raisonnais comme il l’eût fait : « L’amour, ce n’est que cela. Résigne-toi. » J’avais même trouvé une idée assez baroque : « Si vraiment le Bon Dieu a créé l’homme, en faisant pour certaines fonctions des économies d’organes, il l’a mis en garde contre les illusions. » Non ! il n’y avait pas d’illusions. Ce que je voulais existait. Si cette femme-ci ne me le donnait pas, une autre me le donnerait. Je cherchais, je cherchais.

Un jour, dans une petite rue, on m’accosta : « Tu viens, chéri. » Après tout, pourquoi pas ? Cela se passait au temps où je guettais avec Charles les passages de sa demoiselle Jeanne. Je ne sais ce qui me prit. Il est certain qu’en suivant cette femme, je pensais à mon pauvre