Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/166

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La tête me tournait un peu :

— Mais non, je ne bois plus.

— Si… si… Et tu t’intéresses encore au perce-oreille ?

— Ah ! ah ! dis-je, tu y penses aussi.

— Et le gros ventre de l’Italien ?

— Tais-toi ! grondai-je entre les dents.

— Des bêtises ! trancha-t-il. Et les petites femmes ?

Je pris un air très vague :

— Oh ! tu sais !

— Je comprends, et ses chaussures craquèrent. Moi…

C’était comme pour ses affaires : cela marchait. En apparence, le page et la bourrique à part, ses histoires ne différaient pas des miennes. Mais quand on allait au fond !… Évidemment, je ne m’en suis pas rendu compte au premier coup d’œil et, dans ce bar… Jamais je n’ai connu un être plus sale. Penser à lui m’affole. Recette : prenez une parcelle de vérité dénaturée, enveloppez-la dans un tissu de mensonges raffinés, mettez tremper ce produit dans cinq litres de bave jalouse, versez là-dessus cent grammes de haine diabolique, cent grammes de machiavélisme concentré, cent grammes d’extrait vindicatif, cent grammes d’ambition dévorante, n’omettez pas cinq cents grammes de