Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/167

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pensées à tournure pornographique, malaxez, brassez le tout à l’ombre en y ajoutant quelques matières impalpables mais très efficaces, soit cent grammes d’extrait d’influence sur autrui, cent grammes de vanité, cent grammes de vantardise, plus quelques clins d’œil pervers et quelques autres choses dont je parlerai plus tard, et vous obtiendrez un venin inoffensif en comparaison de celui qui remplissait l’âme de Dupéché. Maman qui le vit par la suite, prétend que c’est un brave garçon ayant ses qualités et ses défauts comme chacun. Mais d’abord elle ignorait tout du perce-oreille, tout de ma confession ratée, tout des manigances qui suivirent.

D’ailleurs, je vais trop vite. Dans ce bar, je le répète, je ne faisais que pressentir. Je l’écoutais avec dégoût :

— On court, disait-il, on jette sa gourme, puis un beau jour, on se…

« Quelle différence, pensai-je, avec la noblesse de Charles. D’ailleurs, il en raconte trop. Il se vante. S’il croit m’humilier comme un vulgaire perce-oreille. On verra bien. » Je le laissai finir. La tête me tournait de plus en plus. Je vidai mon verre d’un trait :

— Tout cela est très amusant, dis-je. Mais sans doute, tu me traites en bourrique.

Il ouvrit de grands yeux :