Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/178

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de haut, comme sur quelqu’un dont on sait d’avance qu’il n’y aura pas d’« alors ». Il cachait cette pensée sous des manières gentilles : sourire, effets de pochette, clins d’œil entendus, tapes amicales, grincements de chaussures et tout cela savait ce qu’il eût fait à ma place. Il n’attendait pas ma réponse. D’ailleurs que répondre ? Ce dédain dissimulé m’exaspérait. Au bout de quelques dimanches, j’en vins à oublier le « Qu’eût-il fait ? » Je me tendais jusqu’à l’irritation : « Qu’elle me donne un mot, un sourire, une gifle, que j’aie quelque chose à dire à Dupéché. »

C’est alors que Dupéché poussa plus avant ses manigances. Ne m’en doutant pas, je ne me méfiais pas assez. Un jour il me dit :

— J’ai parlé de toi à mon amie. Elle désire te voir. Je te présenterai. Viens.

Je ne tenais nullement à être présenté à cette amie « qui désirait me voir ».

— Je suis fatigué. Je…

— Tatata. Je t’emmène.

On passa les ponts, nous suivîmes les quais de la rive gauche, on s’engagea dans une de ces rues à boutiques où l’on voit des fauteuils sans fond, des bouquins, toutes sortes de vieilleries et jamais, croirait-on, quelqu’un qui achète. Il s’arrêta devant une vitrine, l’inspecta, bougonna quelques mots, alla