jusqu’au bout de la rue, revint sur ses pas, regarda la même vitrine :
— C’est ici. Entre.
Pourquoi, avant d’entrer, avait-il regardé deux fois cette vitrine ? Cela me parut louche :
— Décidément, je crains de déranger.
— Sacré Marcel ! Entre donc.
Une bourrade dans le dos m’y aida. La boutique était vide. Il verrouilla la porte (cela aussi me parut louche) et marcha droit vers l’escalier dans le fond.
— Coucou ! On peut monter ?
Une voix d’en haut tomba.
— Bien sûr ! Monte.
— Suis-moi, Marcel. Par ici.
D’autorité, il ouvrit la porte :
— Voilà Louise.
Un miroir pendait trop bas. Cassée par le milieu, Mlle Louise s’y arrangeait, — le dos pour nous. — À la main une houppe, pas plus grosse qu’un peu d’ouate, qu’elle se passait sur les joues, sous les yeux, comme pour tamponner une seule larme. Sur la toilette une boîte à fards me tira l’œil : Rouge confusion. J’eus un sourire que le reflet de Mlle Louise dans la glace attrapa sur le mien. Jolie ? Je ne sais pas. Son rouge confusion, du bleu, du noir, du blond, on pensait à une poupée aimablement bariolée. Les bras étaient nus.