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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/21

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II



Eh ! je vous entends, Monsieur mon lecteur improbable. Je radote, je ne vous intéresse pas. Des faits, des faits, vous voulez des faits. Ou, comme je vous l’ai promis, des niaiseries. Le reste est neutre, pâle, blanc. Blanc ? Permettez ! Quand vous êtes au cinéma devant l’écran, que voyez-vous d’abord ? Vous voyez du blanc : une nappe de lumière blanche. Comment, sans ce blanc, distingueriez-vous le noir que sont les personnages ? Eh bien ! j’ai projeté ma lumière blanche. Les personnages peuvent venir. Attention ! voici papa.

Papa, tel qu’il se présente, est un singulier bonhomme. Long, maigre, le nez qui coupe, les oreilles qui s’écartent. Il s’assied sur le bord de mon lit, me regarde, secoue la tête et sa bouche ne remue pas, puisqu’il ne dit rien. Ses oreilles, au contraire, s’agitent un peu. On dirait des ailes. Va-t-il s’envoler ? Non, les ailes sont trop faibles ou le corps est trop