Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des gens passaient. Je me détournais. « Ils voient certainement que tu es une bourrique. Sinon pourquoi ce Monsieur te dévisagerait-il ?… Et cet autre ? Et cet agent ?… » Je me réfugiai dans des rues plus noires. J’aperçus un cadran qui me fit penser à une gare. Peut-être Saint-Lazare ? Je pris des rues encore plus noires. Là, je fus à mon aise. Une pluie fine polissait les trottoirs. Au hasard des réverbères, on passait de l’ombre à la lumière. Cela m’amusait : un carré d’ombre, un rond de lumière, un carré d’ombre, un rond de… Tout à coup, un peu de cette lumière sauta plus haut, glissa au long de quelque chose qui s’éclaira, s’éteignit, se ralluma plus loin. Cela me précédait, n’avançant pas plus vite que moi. Une femme, eh oui ! je le voyais bien. Mais ce que la lumière éclairait d’elle se bombait, lisse, huileux, très tendu. On aurait dit une peau de phoque. Je suivis cela : « Tiapa, fais dodo !… Elle a mis une peau de phoque… Je marche derrière une femme qui porte une peau de phoque. Tiapa fais dodo ! Je marche derrière un phoque ; un phoque tout mouillé parce qu’il sort de l’eau. Voilà que cela s’éclaire ; voilà que cela s’éteint ; voilà que cela s’éclaire, voilà que… » Je ne pensais pas plus loin.

On s’arrêta :