foi. Elle pouvait dire oui, comme cela, en l’air, pour me tranquilliser.
Quelquefois, n’en pouvant plus, je me moquais de tout, et damné pour damné… Un jour une petite fille vint chez ma mère avec la sienne. Je la poussai dans un coin. À l’exemple du valet, je tâtai l’endroit du corsage où c’était plus gros chez la femme. Elle se déroba. J’eus néanmoins le temps de sentir que ce n’était pas dur comme chez les garçons. Mais comment était-ce ? La question me hantait. Comme mon esprit, mes doigts étaient insatisfaits. On eût dit qu’ils avaient faim. Nouveaux péchés ! Au bout de quelques jours mes craintes revenaient et l’emportaient.
C’est ainsi que, gamin de dix à treize ans, je marchai en plein vertige sur une planche que d’autres franchissent, paraît-il, sans y penser.
Survint alors du nouveau. Cela commença par un cri. Pauvre maman, je la revois ce jour-là. C’est un jeudi, jour de vacances. Debout devant la cheminée, maman soulève un candélabre, regarde en dessous, le replace. Elle soulève l’autre candélabre, regarde en dessous, le replace. Puis elle trotte vers l’armoire, en retire les assiettes, les retourne, tout cela très vite avec des gestes gauches, qui ne savent pas bien ce qu’ils font.