Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/74

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À l’heure du coucher, Varia me demanda :

— N’auras-tu pas peur de dormir dans un mas où il n’y a pas d’homme ?

— Non.

Encore une fois, « Varia » ne sortit pas.

— Qu’as-tu ? Tu sembles triste.

Eh ! non. Je n’étais pas triste. Je n’avais pas peur, non plus. Quelque chose me tourmentait. Tout n’était pas comme il fallait. Mais quoi ? Au petit bonheur, je récitai un acte de contrition. Je m’endormis avant les derniers mots.

Le lendemain, on retourna sous l’arbre, Tante me donna un livre, s’installa, s’endormit, un pied en avant, sans bas, exactement comme la veille. Quand même, c’était drôle ! Je pensai à mon acte de contrition : « Je prends la ferme résolution… » et tournai le dos à la jambe. Cric ! le fauteuil d’osier eut l’air d’appeler. Ma tête bougea d’elle-même : le pied s’était rapproché. Peut-on combiner d’avance un plan sans y penser ? Je sus parfaitement ce que j’allais faire. Sans lâcher mon livre, je rampai vers la jambe. Quand je fus assez près, je feuilletai les pages qui effleurèrent le mollet. Rien ne bougea. J’y mis le bout d’un doigt : rien. Je passai la main tout le long : rien. Une autre pensée me vint. Chez le goinfre, quand le valet portait la main sur