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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/84

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VII



Les temps qui suivirent furent stupides. Ils ont empoisonné la vie de mes parents, la mienne. Chacun porte en soi la graine que le plus ou moins de soleil développe ou pourrit. D’où vient la graine ; d’où, le plus ou moins de soleil ? De plus, j’étais égoïste : moi, moi, moi. Il m’a fallu réfléchir, n’être ici qu’un parmi des milliers, pour comprendre qu’il y a aussi, qu’il y a surtout, les autres. Ah ! sortir de soi ! Je ne dirai pas, ce que je regrette le plus. Le sais-je moi-même ? Mon père, c’est certain, je ne l’aimerai plus. Il s’est montré trop dur. Pourtant, moins dur, m’eût-il aimé davantage ? Quant à maman, elle a pleuré. Ces pauvres larmes !

Les premiers jours, tout alla bien. Papa avait lâché son travail pour m’attendre à la gare, avec maman. En les embrassant, je pensai, peut-être plus qu’il ne convenait, au coin de ma chambre où je leur cacherais mes souvenirs. Je fus néanmoins très heureux.