Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/98

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jouets, ils passèrent devant le rayon des chevaux. Marcel les trouva beaux. Il les trouva beaux, non parce qu’il les désirait, mais parce qu’il les regardait avec des yeux qui verraient Jeannot, ou peut-être avec les yeux mêmes de Jeannot. Il y avait des chevaux de toutes sortes : en bois, en carton, de grands, cabrés entre des roues, d’autres à bascule, d’autres en vraie peau, si bien empaillés qu’on eût dit des poneys.

Il en distingua un. Ce cheval ne différait guère de ses voisins. Il était petit, en carton. Cloué sur une planche à roulettes, il levait deux pattes, une devant, une derrière, pour avoir l’air de marcher. La planchette était peinte en vert ; le cheval peint en blanc. On avait semé quelques touches de gris çà et là pour pommeler la robe. Du rouge indiquait les naseaux ; du noir, la crinière. Quelques fils de chanvre pendaient à l’endroit où les vrais chevaux portent la queue.

— Oh ! maman, si on achetait ce cheval pour Jeannot !

— C’est qu’il coûte vingt francs, Marcel.

— Jeannot serait si content. On ne voit pas de si beaux jouets là-bas. Je donnerai ma tire-lire.

— Elle est presque vide.

— Oh ! maman.