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ventre, la jeter en l’air, la rattraper comme une sotte : elle est crêpe.

La première a raté.

— Attrape, Spitz.

— Hap, engloutit Spitz dont la gueule est blindée contre les brûlures.

La seconde, nous la mangeons pour savoir ; les autres, que nous mangerons plus tard quand elles y seront toutes, je dois les répartir sur plusieurs assiettes :

— Afin qu’en se refroidissant, elles ne se ramollissent pas.

Car Marie pense à tout.

Animée, les yeux rouges, elle s’amuse en plein coup de feu. Si je lui affirmais que ce matin elle était triste, elle me dirait : « Tu te trompes. » Son poêlon bien brûlant, elle n’a que le temps de le graisser, d’y verser la pâte, de la détacher, de l’envoyer « Hep » en l’air, puis « Encore une » toute chaude sur la pile.

Une belle fumée bleue remplit notre cuisine et file sous la porte raconter à ceux qui ne le sauraient pas encore, que l’on fait des crêpes chez nous.

Le nez hors de ses plumes, Fox trouve à ce fumet quelque chose qui lui rappelle la ville. Il l’interroge à petits coups.

— Hum ! on dirait de la viande, oui vraiment de la viande, mais ce n’est pas de la viande…

Et il se rendort dans ses plumes.

Plus simple, Spitz rêve, sur son derrière : déjà une de ces rondelles lui est tombée bien chaude dans la bouche : une autre pourrait venir, ce serait bon. À chacune qui saute, il se lève et, comme Marie tout à l’heure, il avale sa salive.

— Encore une.

Puis :

— Encore une.

Elles se suivent de près. D’après ma fonction, je les place dans leur assiette, puis je les compte. Quand une pile est assez haute, je descends cette tour à la cave. Pendant les intervalles, je scie du bois ; je mets la nappe ; je range les tasses.

Au bout d’une heure, je me décide à les déranger pour les