mangent ces cadavres, soit. Quant à moi, vraiment non : une poule, ça sent le poulailler ; et même ce que dans un poulailler on trouve, le matin, par terre…
ette tante ne voudrait pas montrer qu’après tout elle s’en fiche.
— Marie, calcule-t-elle, vous avez par semaine de mille à quinze cents œufs. Comment donc faites-vous pour vendre cette marchandise ?
— Oh ! répond Marie, c’est simple : j’ai mes clients, ils viennent ici, sans que je me dérange.
— Tu comprends, m’explique-t-elle, tante m’a vue autrefois comme une dame. Je ne vais pas lui avouer que je porte mes œufs, en ville, au marché. Elle se moquerait.
— Moi pas, Marie.
Et vraiment ce qu’elle fait, je ne le ferais pas à sa place.
C’est une fois la semaine. Pour le voyage, comme elle n’est pas vraiment une Campinoise, ni davantage une dame, elle s’est composé un accoutrement au goût des deux : la toque à fleurs comme ici, la jupe longue comme en ville. Cela me fait une drôle de Marie.
— Comment me trouves-tu ? dit Marie.
Je ne réponds, rien. Je l’embrasse.
La première fois, ç’a été dur. On ne comprenait pas qu’une paysanne pût avoir à elle seule trois paniers d’œufs… On passait outre et Marie a préféré revenir avec sa charge au complet, plutôt que d’y laisser chipoter une petite vieille qui voulait bien deux œufs, mais les plus gros.
Maintenant, elle a pris l’habitude. Lorsqu’elle monte dans