— Regardez, risque Rogniez, là une belle illustration !
Par précaution je me tais.
— Dites-moi, Monsieur, avez-vous lu cet article ?
Je ne dis rien.
— Ouf ! gémit le chef, mes reins.
— Comment ? Vous avez mal aux reins ?
Aïe ! me voilà pris :
— Oui, Monsieur, figurez-vous que…
Depuis le temps, je connais son médecin, ses médicaments, ses cafés, ses amis… Mais comment dire à ce brave homme qu’il m’agace ?
Un soir, Rogniez devant ma table, M. Siburd passe en coup de vent, très rogue comme de coutume. Il n’a rien dit. Le lendemain, je confie au chef :
— M. Siburd n’est pas content. Il nous a vus. Il estime qu’au lieu de bavarder, nous ferions mieux de penser à notre besogne.
— Il a dit ça !
— Oui.
Les soirs suivants, le chef casse la croûte devant son marbre. Oui, mais alors, c’est moi qui m’ennuie ! Je le rejoins à l’atelier :
— Si nous commencions la une.
Le chef mord dans sa tartine.
— Vous pensez à mon article ?
Il hausse les épaules.
— Et les reins, chef ?
À la bonne heure !
Mais c’est lui, pas moi, qui accroche une histoire. Au secrétariat, du moins, je l’écoutais assis. Je finis par lui dire :