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Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/154

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manière, son doigté et, si j’ose dire, son style.

Cette épreuve où le correcteur ne relève pas une faute, c’est le travail d’Auguste, qui exécute ses morceaux, en virtuose sûr de soi, sans une fausse note : c’est net, c’est propre, mais un peu froid.

Sur celle-ci, des lignes entières sont biffées. Ce sacré Paul ! Il joue en vitesse, mais, tête en l’air, rate son trait et l’achève au hasard. Cela fait des lignes en ce genre :

constitutfrep ?, fzplm !!xxz

Ce qu’on appelle des Zut.

Le cerveau de Léon court plus vite que les doigts. Il saute des mots et, dans les mots, des lettres.

Le petit Pierre s’évertue en apprenti bien sage. Coudes au corps, le buste droit, il est en progrès. Seulement ces diables d’infinitifs ! Il a la faute dans les doigts. Sa tête a beau l’avertir : « Attention : er », la main s’est déjà trompée : é.

Siméon est l’acrobate des virtuosités brillantes. À lui la copie où Ranquet multiplie ses points, ses virgules, ses barres, comme les attrapes sur le manuscrit savant d’un musicien moderne.

Quelquefois, coup de feu ! Ensemble, ils se dépêchent. Quel vacarme ! Dix pianistes s’acharnent sur une note, pour tous la même : clic-clicclic-clicclicclic…

Assez ! Assez !


Louis.

Ne lui dites pas :

— Dépêchez-vous !