Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/17

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— Ah ! c’est vous ! Nous allons travailler.

Il enleva d’abord ses bottines, les remplaça par des savates. Il mit, sur sa tête, une casquette ; dans sa bouche, une courte pipe. À cause du faux col, il garda le menton sur la gorge :

— Et maintenant, qu’avez-vous fait ?

Il était arrivé des enveloppes. Je les avais mises en tas.

— Ah ! bon ! Vous ne connaissez rien. Il faudra vous jeter à l’eau.

Il me jeta à l’eau. Il dépouillait les enveloppes :

— Lisez ça.

Je lisais ça.

— Trouvez un titre.

Je trouvais un titre.

— Arrangez de votre mieux.

J’arrangeais de mon mieux.

J’étais ému, parce qu’en même temps que de petites, j’arrangeais de grosses nouvelles.

Au petit jour j’entendis, sous nos fenêtres, un bruit de foule :

— Rouler… roule pas encore… rouler bientôt…

On répétait ce mot.

— Qu’est-ce que c’est.

— Les vendeurs ! Ils attendent qu’on roule… que le journal sorte de presse, quoi ?

Et tout à coup, en effet, on roula. Après le silence de la nuit, quel vacarme ! Je fus très fier. Je pensais à mes poules. Je dis :

— Quand même, travailler ainsi, c’est beau.

M. Duvard éteignit les lumières ; cela fit clair aux fenêtres. Il dit :

— Ouais !