Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/78

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Pour le Jean Lhair maussade, il y a des vérités réglées une fois pour toutes. Si la pluie est de l’eau, le vent de l’air, le soleil du feu, c’est uniquement pour mouiller, glacer, ou brûler, ce pauvre être appelé Jean Lhair. Pour lui, si bien qu’aille une affaire, elle va toujours très mal.

— Notre journal se vend. Tant pis. Plus il y a d’acheteurs, moins il y en aura, quand il n’y en aura plus !

Quant aux autos, aux avions, à toutes ces découvertes de l’engeance humaine, quelles foutaises !

Ainsi le téléphone ! Certes, ces demoiselles sont gentilles. La bouche en cœur, Jean Lhair s’y entend à minauder :

— Mademoiselle, vous qui êtes si aimable, tel numéro, s’il vous plaît.

Même à la surveillante que l’on peut s’imaginer revêche, avec des lunettes, il dira qu’elle est belle. Mais ce récepteur qu’on se colle à la bouche ! Votre corps qui se morfond sur une chaise pendant que votre voix se promène seule au long d’un fil ! Autrefois, cette promenade on la faisait et Jean Lhair aime le grand air où l’on est libre.

Et les patrons ! En voilà des bougres ! Pires que le vent ; plus hargneux que le soleil ou la pluie. Quand il y a un banquet, qui envoient-ils ? Cedron, ce paresseux ? Villiers qui n’écrit que des foutaises ! Non, ils envoient Jean Lhair ! Vite dans son habit, il faut qu’il aille !

Bien entendu, on ne mange pas mal.

— Une timbale financière, c’est délicieux, mon cher !