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sition qui fut fixée par les uns à six, par les autres à quatre deniers pour livre des marchandises vendues, et sur les boissons dans les villes[1].

1343-1344. - Au produit de ces subsides consentis s’était joint. celui d’une taxe sur le sel, ou plutôt du monopole de cette denrée, nouvelle invention des juifs. Mais, à l'égard de ce dernier impôt, et sur les plaintes qui lui furent portées dans une assemblée des prélats, barons, chapitres et bonnes villes du royaume, le roi déclara, comme avait fait Philippe-le-Long, que la gabelle du sel, de même que les autres impositions; ne seraient ni réunies au domaine, ni perpétuelles. Cette déclaration calma le mécontentement général causé par cette innovation. Des monuments existants prouvent en effet que, deux ans avant la tenue des états-généraux dont il est question, Philippe de Valois avait établi des greniers pour y faire vendre le sel à son profit, « dont le roi acquit l’indignation et malgrâce, des grands comme des petits et de tout le peuple. » Ce fut à cette occasion qu’Édouard appela Philippe l'auteur de loi salique, par allusion à davantage que Valois avait tiré de la véritable loi salique, qui lui fit obtenir le trône, à l'exclusion des descendants de la branche féminine; Cette plaisanterie rappelle le surnom de salinator, que le peuple romain, mécontent, donna au censeur Livius, qui, à Rome, soumit le sel à un impôt. Ainsi, chez les Romains comme en France, un surnom caractéristique devait

  1. Ordonnances du Louvre, t. 2, p. 238 et suiv. ; t. 3, p. 682, art. 16.