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l’année, si le roi n’estoit auparavant délivré, ne porteroient sur leurs habits or, argent, ne perles, et qu’aucuns menestriers ni jongleurs ne joueroient de leurs mestiers ou instruments[1]. »

À Paris, au contraire, les états, influencés par Marcel, prévôt des marchands, demandèrent compte des sommes qui avaient été levées dans le royaume pendant les temps précédents en décimes, maltôtes, subsides de tous genres, fabrication de monnaies, et autres exactions. Ils s’élevèrent contre les abus que l’on avait commis dans la solde des troupes, et annoncèrent que vingt-deux grands officiers et magistrats accusés de ces déprédations seraient révoqués, mis en jugement, et leurs biens confisqués et vendus, pour le produit en être appliqué à la rançon du roi prisonnier. Ils insistaient surtout contre le trafic des offices de judicature, et demandaient une fixation du salaire des gens de justice et l’abandon des transactions pécuniaires pour les crimes. Une nouvelle armée de trente mille hommes d’armes, et les fonds suffisants pour son entretien, devaient être le prix du consentement donné à ces exigences. Le dauphin, forcé d’y souscrire dans un acte public, en éluda l’exécution, et parvint, par adresse, à dissoudre l’assemblée. Avant leur séparation, les états avaient institué un conseil composé de douze prélats, douze chevaliers et douze bourgeois, élus par chacun des trois ordres. On lui attribua la surveillance de l’administration du royaume. Le premier acte de cette nouvelle autorité fut de faire saisir les coins d’une monnaie de bas aloi que le dauphin avait fait fabriquer

  1. Ordon. du Louvre, t. 3.