Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/187

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1451.- A l’époque de la soumission de Bordeaux, un traité fait avec les gens des « trois états de la ville et du Bordelais » garantit aux habitants l’immunité de toutes tailles, impositions, gabelles, fouages, équivalent, et de toutes autres subventions, à l’exception seulement des redevances anciennement en usage dans la ville et dans le pays. Les marchandises et les vivres arrivant tant par terre que par eau ne durent payer également que les droits acquis précédemment au souverain ou aux seigneurs. Mais la défection qui remit momentanément la capitale de la Guyenne aux Anglais (1452) fit perdre à la ville et à la province ces conditions favorables. A un droit de coutume que les propriétaires payaient à la vente du vin du crû, le roi substitua un droit perpétuel de vingt-cinq sous tournois pour chaque tonneau de vin chargé sur la Gironde, quelles qu'en fussent la provenance et la destination, et une taxe de quatre deniers en sus par tonneau vendu ou échangé à destination de l’étranger. De plus, les subsides que le roi tirait des autres parties du royaume durent être remplacés à Bordeaux par une taxe de douze deniers pour livre sur les denrées et marchandises arrivant dans la ville, ou en sortant, soit par terre, soit par eau, à la seule exception du poisson frais, de la viande fraîche, des œufs et des menues denrées. A ces fâcheuses conséquences de l’infidélité au souverain se joignit le paiement immédiat d’une somme de trente mille écus, à laquelle Charles VII réduisit l’imposition de cent mille écus qu’il avait d’abord exigée des Bordelais[1].

  1. Ordon. du Louvre, t. 14, p. 7, 8, 143, 270, 271 et 273.