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les gens en place et les honorables étaient exempts.

Après la translation de l’empire en Orient, on inventa de nouveaux impôts : des péages furent établis sur les routes; les éléments même n’en furent pas exempts, et Nicéphore mit un impôt sur la fumée.

Si l’on ajoute que ceux qui ramassaient de l'or ou de l’argent dans les rivières devaient au trésor public le quart de la valeur de ce qu’ils avaient trouvé; que la construction de certains édifices publics donnait lieu à des prestations, soit en deniers, soit en nature, dont l’ordre des sénateurs était seul exempt; que l’imposition sur les biens-fonds ne dispensait pas les propriétaires de contribuer, suivant les circonstances, pour une certaine quantité de boissons, de comestibles et d’autres denrées, qui se distribuaient aux gens de guerre, auxquels il fallait quelquefois encore fournir du foin, de la paille et même des habits ; qu’enfin tous les actes rédigés par les officiers publics devaient être écrits sur des papiers revêtus d’une marque particulière équivalente à nos timbres, et dont sans doute l'apposition ne se faisait pas gratis; l’on verra, par cette énumération des tributs publics, que les Romains n’ont rien laissé à inventer en ce genre.

La rigueur des lois pour le recouvrement de l'impôt foncier était extrême. Le fisc ne connaissait les non-valeurs que dans le cas d'accidents qui détruisaient non pas les récoltes, mais la propriété elle-même, tels que le bouleversement, d'un territoire par une inondation, par un tremblement de terre, ou la destruction d’une ville par le feu. Toutes les impositions et contributions réparties par arpent emportaient l’hypothèque du fonds. La propriété dont le tribut et les autres char-