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ravant, par Charles VII : progression alarmante, puisqu’elle était hors de toute proportion avec l’augmentation de territoire et l'affaiblissement de valeur que les monnaies avaient éprouvés dans leur échange, par l'effet de la découverte de l’Amérique, qui datait à peine d’un demi-siècle. Cette masse d’impôts, qui pesait uniquement sur l’agriculture, fut une des calamités de ce règne. « Mais qui pis fut encore, François Ier laissa en instruction et en pratique à ses successeurs de ne requérir plus le consentement des peuples pour obtenir des secours et des assistances d’eux; ains de les ordonner de pleine puissance et autorité royale, sans allëguer autre cause ni raison que celle de tel est notre bon plaisir.[1] » Cet usage toutefois ne s’introduisit pas sans quelque opposition de la part du parlement. Il la manifesta d’abord dans des remontrances respectueuses, auxquelles le monarque répondait par des lettres de jussion. Le parlement cédait, en usant de cette formule : Lu, publié et enregistré du très exprès commandement du roi. »

Les impôts qui étaient perçus pour le compte de l’état, les droits en argent ou en nature, et les servitudes manuelles que l’Église et les possesseurs de fiefs exigeaient, ne composaient pas encore tous les tributs demandés à l’agriculture : d’autres prestations lui furent imposées à cette époque par l'effet du développement que prit le service militaire.

Au milieu du XVIe siècle, il n’existait pas encore d'administration chargée de se procurer, au moyen d’approvisionnements faits à l’avance, les vivres et

  1. Économies royales de Sully, édit. de 1725, t. 8, p. 455.