Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/269

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stitués pour aller diriger l’assiette, surveiller le recouvrement et l’emploi des impôts dans les provinces. Depuis qu’en raison de la multiplicité et de l’élévation des tributs, la perception en était devenue plus difficile, ces officiers, érigés en une chambre ou cour qui prononçait en dernier ressort sur les questions contentieuses en matière d’impositions, restaient habituellement à Paris. A différentes époques, sous la troisième race, et à l’imitation des envoyés royaux, qui, du temps des rois carolingiens, formaient une institution durable, des commissaires enquêteurs, investis de grands pouvoirs, avaient parcouru les provinces, à l’effet de surveiller la gestion des financiers ou même de punir ceux qui étaient reconnus coupables. Mais ces missions temporaires, espèce de satisfaction donnée aux peuples dans des conjonctures difficiles, n’avaient lieu que rarement. Plus tard, à l’organisation faite par François Ier, les attributions des trésoriers de France, bornées d’abord à l’administration des domaines royaux, s’étendirent à toutes les branches du service financier. Cette institution, bien dirigée, pouvait être utile à l’état ainsi qu’aux provinces. Mais les trésoriers de France abusaient de l’indépendance que leur assurait l’espèce l’inamovibilité qui résultait de la propriété d’offices achetés. Constamment éloignés de leur résidence, aussi inexacts à faire leurs chevauchées, nonobstant les ordres réitérés du conseil, et négligeant l’exercice de la surveillance qui leurs était attribuée tant à l’égard des comptables que sur les travaux des élus, ils laissaient naître et se propager les abus et les malversations de tous genres, dont le trésor éprouvait les conséquences non moins que les redevables. Le gou-