Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vain contemporain, le spectacle que présentaient le royaume et sa population, lorsqu’un monarque réparateur monta sur le trône où le portèrent la valeur et la clémence, auxiliaires puissants d’une légitimité que voulaient méconnaître le fanatisme et l’ambition excités par des puissances ennemies[1].

Henri IV connaissait l’épuisement de la France et les désordres qui l’entretenaient. Mais pressé par le désir de soulager son peuple, il éprouvait que les meilleures intentions d’un bon roi ne peuvent être accomplies s’il n’est secondé par le zèle d’un ministre intègre autant qu’éclairé. Henri trouva ce ministre dans Sully, le compagnon de ses périls et de ses succès, son ami, son confident; dans Sully, dont toutes les vues, inspirées par l’amour du bien public, étaient soutenues par un dévouement sans bornes à la personne et à la gloire de son roi.


1595.- Sully fut simplement admis d'abord dans le conseil de finance, d’où s’efforcèrent de l'écarter les autres membres qui redoutaient sa sagacité et l’austère vertu qui formait son caractère. Bientôt il eut reconnu que les principaux revenus n’étaient pas affermés au quart de leur valeur; que les fournitures étaient portées à un prix exorbitant; et que les traitants continuaient de se livrer à leurs concussions habituelles, par la certitude qu’ils avaient de trouver pour juges les associés qu’ils s’étaient faits dans le conseil, parmi les seigneurs en crédit et les magistrats des cours souveraines. A l’occasion d’un renouvellement du bail des

  1. Le Secret des finances, par Fromenteau, t. 1, 2, 3, et Preuves.