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ecclésiastiques, des annates envoyées et des dispenses achetées à Rome, ainsi que les sommes payées aux églises pour l’administration des sacrements, n’était pas comprise l’estimation des droits seigneuriaux et des obligations manuelles résultantes de la féodalité. Sully, persuadé dès lors que la principale cause de l’épuisement de la France était dans l'énormité de ces diverses charges, conçut le projet d’en diminuer le poids ou de les rendre plus supportables en les répartissant d’une manière moins inégale[1].

Sur les trente millions d’impôts, déduction faite de trois millions de droits dont jouissaient les aliénataires qui les faisaient percevoir pour leur propre compte, et des dépenses payables par prélèvements, qui ne montaient pas à moins de seize millions, il ne revenait encore à l’épargne, malgré quelques améliorations déjà obtenues, que onze millions environ, somme bien inférieure aux besoins du gouvernement.

Avec des moyens aussi faibles, mais aidé des ressources inépuisables de l’économie, de l’ordre et de l’intégrité, fort surtout de la confiance et de l’appui du monarque, Sully devint le réparateur de la fortune publiques.

Henri IV et surtout son ami pensaient que la terre, est pour la France la source unique des richesses. « Le labourage let le pâturage, disait Sully, sont les deux mamelles de l’état. » D’après ce principe, l’agriculture fut le premier et le constant objet de la sollicitude du monarque et de son ministre.

  1. Économies royales, t. 3, p. 390 à 395.- Forbonnais, t. 1.