Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/345

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noblesse se conformèrent aux intentions qui leur avaient été manifestées. au nom du roi; moins docile, le tiers-état annonça qu’il attendrait pour remettre les tableaux qu’on lui eût permis d’en prendre extrait, afin de s’en mieux instruire. « Les rois, répondit le chancelier, ne peuvent sans danger et hasard communiquer l’état et force de leurs finances, qui sont les nerfs et forces de leur état. » Néanmoins, la noblesse ayant insisté pour la communication, il fut décidé en conseil que les états seraient donnés, non pas aux trois chambres, attendu le grand nombre de députés qui les composaient, mais à un comité de trente-six personnes prises en nombre égal dans les trois ordres. On connut alors qu’il n’arrivait plus à l’épargne que dix-sept millions huit cent mille livres, et que les dépenses à payer par le trésor étaient portées à vingt et un millions cinq cent mille livres; que par conséquent l’excédant annuel des dépenses était de trois millions sept cent mille livres. Cette situation, bien différente de celle où Henri IV avait laissé ses finances, porta les membres du comité à remonter aux causes de ce changement. Ils insistèrent donc sur la nécessité de voir le détail de la dépense, dont ils n’avaient qu’un tableau sommaire, et surtout la liste des pensions. On leur opposa « qu’il n’étoit raisonnable qu’il fût communiqué ni divulgué, et ce pour plusieurs considérations importantes au roi et, à l’état. » Mais on leur fit savoir qu’il était encore levé en dépensé dans les provinces plus de dix-huit millions dont les intendants de finances feraient connaître l’emploi aux députés qui voudraient se livrer à cet examen, lorsqu’ils seraient de retour dans leur pays.