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sur le clergé et les pays d’états, formaient un revenu de beaucoup inférieur encore aux frais que nécessitaient cinq armées composant une force de quatre-vingt-dix mille hommes répartis en Languedoc, en Poitou, en Guyenne, dans la Valteline, et en Italie. Déjà pourtant les dépenses ordinaires excédaient de dix millions les fonds que recevait annuellement l’épargne ; la dette exigible montait à cinquante-deux millions ; des corps de troupes étaient arriérés de trente mois de solde ; les revenus d’une année se trouvaient absorbés à l’avance ; et telle était la détresse des campagnes que, loin de penser à une augmentation sur les tailles, déjà portées à vingt millions, on fut obligé d’accorder une remise sur cet impôt[1].

Héritier, en quelque sorte, des conceptions magnanimes de Henri IV et de la volonté despotique de Louis XI, Richelieu méditait de relever la monarchie française aux yeux de l’Europe par l’abaissement de la maison d’Autriche ; de raffermir le pouvoir de la couronne en accoutumant les grands à fléchir sous l’autorité des lois ; de mettre un terme aux guerres de religion par l’occupation de La Rochelle, dernier rempart des calvinistes ; enfin de créer un armement maritime capable de résister aux forces navales que possédait déjà l’Angleterre. Pour l’exécution de ces grands desseins, que le génie inflexible du cardinal sut accomplir, il fallait non seulement des ressources pécuniaires, mais encore l’expression de l’assentiment public aux intentions de la couronne. Richelieu vou-

  1. Discours et mémoires de M. de Marillac et du marquis d’Effiat à l’assemblée des notables de 1617.